Résultats de la campagne de 2012

La campagne de fouilles s’est déroulée pendant quatre semaines, du 11 juin au 6 juillet, avec une équipe de 20 personnes dont 4 bragards. L’équipe a travaillé sur une surface de 215 m² qui correspond grosso modo à ce qui avait été fouillé dans les années 1960 par l’archéologue Louis Lepage. Le réexamen de ce secteur a permis de l’identifier cette fois sans aucune ambiguïté comme des bains privés d’une villa, ne constituant qu’une petite partie du bâtiment résidentiel. Ces bains sont organisés comme tous ceux qui équipent les villas gallo-romaines, c’est-à-dire qu’ils proposent au baigneur d’abord un bain très chaud, le caldarium, puis un bain très froid, le frigidarium. Ce parcours procure un profond délassement, et était apprécié de toute l’aristocratie romaine. Aux « Crassées », il ne reste plus rien de la piscine chaude proprement dite, mais il persiste des vestiges de son système de chauffage par le sol, l’hypocauste. Cette salle chauffée, où la température pouvait monter à 60°, mesure 30m². On ne sait pas comment la piscine se remplissait. L’autre bain, froid cette fois, est mieux conservé : il s’agit d’une pièce carrée de 10 m², au sol couvert de dalles blanches en pierre de Savonnières. L’eau occupait tout l’espace sur une soixantaine de centimètres de profondeur, et un escalier permettait d’y descendre. La position excentrée de la pièce par rapport à tout le reste du bâtiment lui permettait d’avoir trois côtés en murs extérieurs et ainsi de conserver une fraicheur maximale. L’eau devait par ailleurs être très froide puisqu’elle provenait directement d’une source canalisée aux abords du bâtiment, et coulait probablement continuellement dans la piscine, puis s’évacuait au même débit par un trop plein. Entre ces deux piscines se trouvent deux pièces, l’une chauffée par le sol et l’autre non, qui servait de sas thermique au baigneur, et où il pouvait pratiquer quelques soins corporels. Enfin, lorsque le chanceux bénéficiaire de ce parcours sortait du bain glacial, il aboutissait directement dans les vestiaires où il avait laissé ses vêtements en arrivant. D’après la datation des quelques fragments de céramique prélevés cette année, ces bains ne seraient pas construits avant la fin du IIe siècle de notre ère, ce qui est tardif comparé aux exemples de villas connus ailleurs en Gaule. Ils seraient occupés jusqu’au début du Ve siècle. Au cours de cette occupation, ils reçoivent une importante campagne de travaux, où les salles chauffées sont réduites de moitié pour une raison inconnue. Le temps a hélas manqué durant cette campagne de fouilles pour étendre notre exploration au-delà de ce secteur, et ce ne sera qu’en 2013 que seront mis à jour des quartiers restés intacts depuis leur abandon…