Les 3 chefs francs : Une grande richesse archéologique
Les fouilles antérieures avaient déjà démontré l’occupation du secteur du Chêne Saint-Amand dès la Préhistoire, attestée par des traces d’habitat, les vestiges d’une villa gallo-romaine et ceux d’un village mérovingien. Les fouilles archéologiques préventives de l’hiver 2001-2002 menées par l’archéologue Marie-Cécile Truc sur le site de La Tuilerie, une bande de terrain reliant la RN 4 à la zone d’activités commerciales, promettaient donc quelques découvertes. Le magnifique bassin en bronze, exhumé par les premiers coups de godet des pelleteuses, apporte de précieuses informations pour la carte archéologique de la France mérovingienne.
À une quarantaine de centimètres sous le sol, un groupe de quatre sépultures rapprochées, deux hommes, une femme et un cheval, a été peu à peu dégagé ainsi qu’environ 50 objets auxquels s’ajoutent un ensemble de 150 perles : armes d’apparat, bijoux, vaisselle et verreries. La découverte fit sensation dans le milieu de l’archéologie française, attirant les plus grands spécialistes à Saint-Dizier.
Sous la conduite de l’Inrap les objets ont été étudiés, analysés, comparés avec d’autres objets mérovingiens. La montée en puissance de l’enquête scientifique a tenu en haleine le monde de l’archéologie et les Bragards. Non seulement, les tombes sont mérovingiennes, mais elles s’apparentent aux plus belles sépultures de l’époque : ce sont des tombes de chefs francs. Inhumés au deuxième quart du VIe siècle, ces personnages sont contemporains des fils de Clovis qui se partagèrent, en 511, le royaume le plus puissant d’Europe. Cette découverte majeure complète la carte archéologique du premier royaume de Clovis qui, au Ve siècle, s’étendait de Cologne à la mer du Nord.
Ce gisement soulève de nombreuses questions. Qui sont ces chefs francs ? Quelle est leur origine ? Quel lien les rattache au pouvoir et quel roi servaient-ils ? Quel rôle stratégique jouait Saint-Dizier, dénommé Olonna, située alors à la jonction de la Neustrie, de l’Austrasie et de la Burgondie ?
L’étude des dépôts funéraires a dégagé des indices qui forment les premières réponses mais laissent apparaître des zones d’incertitude que le temps éclaircira peut-être.