La découverte exceptionnelle des sépultures de trois chefs francs, lors d’une fouille préventive de l’Inrap à Saint-Dizier, en 2002, a soulevé de nombreuses interrogations sur le passé de Saint-Dizier. Les fouilles programmées sur le site des Crassés, souhaitées par la ville de Saint-Dizier et en partenariat avec l’Inrap, permettent aux chercheurs de poursuivre les investigations débutées en 2002 et de compléter utilement les connaissances sur le territoire. La villa gallo-romaine et la nécropole médiévale identifiées sur le site sont ainsi étudiées dans le cadre d’un programme de recherches archéologiques qui a débuté l’été dernier pour au moins cinq ans.
Ces fouilles s’inscrivent dans la continuité du partenariat noué entre la Ville et l’Inrap lors de l’exposition « Nos ancêtres les Barbares ». A l’occasion de cette deuxième campagne estivale de fouilles et dans le cadre des Journées nationales de l’Archéologie, le chantier sera exceptionnellement ouvert au public samedi 23 et dimanche 24 juin 2012.
Une nécropole occupée jusqu’au XIe siècle
Au-delà de l’étude des pratiques funéraires, la fouille de la nécropole, débutée lors de la campagne de fouilles 2011, permettra de connaitre biologiquement la population inhumée sur le site. Dès la première campagne, l’équipe de fouille a eu la surprise de mettre au jour des sépultures plus récentes qu’attendu. Les archéologues ont ainsi étudié 37 sépultures datées des XIe-XIIe siècles. Les pratiques funéraires avec l’absence de mobilier d’accompagnement dans les sépultures, les mains posées haut sur les corps, le nombre important d’enfants, sont autant d’indices qui permettent de supposer d’une datation du bas Moyen Âge. Cette hypothèse a été confirmée par les analyses C14. Pour l’époque, les défunts sont assez âgés (entre 40 et 60 ans) et en bonne santé. Certains signes (réductions dans les sépultures et amas d’os) témoignent d’une gestion raisonnée des morts et de la longévité de cette nécropole.
Les archéologues espèrent atteindre lors des prochaines campagnes de fouilles (du 11 au 29 juin), les sépultures des niveaux inférieurs, plus anciennes, probablement mérovingiennes. Il s’agira alors de dater les premiers défunts inhumés sur le site.
La villa gallo-romaine
Les fouilles programmées de la villa des Crassés débutent lors de cette deuxième campagne, du 11 juin au 6 juillet. Elles permettront de prolonger, avec les méthodes de la recherche archéologique actuelle, les fouilles menées dans les années soixante par Louis Lepage qui avait constaté que la villa était habitée du Ier au IVe siècle. Les différentes phases de travaux réalisés par ses propriétaires vont être étudiées, la fonction de chaque pièce déterminée. L’équipe de fouille va ensuite étendre l’exploration au restant du bâtiment résidentiel, encore non fouillé, ainsi qu’aux communs, à la cour, et bien entendu à la zone de contact avec la nécropole qui se développe à proximité immédiate. L’objectif est de connaitre la nature de l’occupation de la villa, notamment durant cette période charnière entre l’Antiquité et le Moyen Âge.
Le centre de pouvoir de la période mérovingienne du site des Crassés hérite t-il d’une organisation gallo-romaine administrée par les propriétaires de la villa ? Existe-il une continuité de l’occupation humaine de l’Antiquité au Moyen-Âge ?